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Bilan du 2ème édition du Festi’Val d’Azun, de la Terre aux Etoiles

mardi 28 août 2018 par Rédaction

La 2ème édition du « Festi’Val d’Azun, de la Terre aux Etoiles », festival scientifique sur les thèmes de l’environnement et des étoiles, s’est tenue du 20 au 22 août à la salle des fêtes de Gaillagos /Arcizans-Dessus (65). Cette année, le festival proposait aussi un aperçu des initiatives locales dans ces domaines, en l’occurrence l’agriculture durable. Le public était au rendez-vous puisqu’en moyenne, plus de 100 personnes ont assisté à chacune des huit conférences, avec des échanges riches et animés. 

La 1ère journée a été consacrée à l’astronomie / astrophysique. Selon Léa SALMON – LEGAGNEUR, chargée de mission sur la Réserve Internationale de Ciel Etoilé (RICE) par l’Association « Science en Bigorre », la pollution lumineuse continue de progresser rapidement et perturbe la santé humaine et le développement de la faune et de la flore. L’éclairage public représente plus du tiers de la consommation d’électricité des collectivités territoriales, alors même que le parc est souvent constitué de lampadaires de technologie ancienne, éclairant à la fois le sol et le ciel. Une RICE est un espace étendu, jouissant d’un ciel étoilé de qualité exceptionnelle et faisant l’objet d’une action de protection de la nuit. Celle du Pic du Midi, labellisée en 2013, couvre les deux tiers sud des Hautes-Pyrénées. 165 des 247 communes concernées ont déjà commencé leur conversion à un éclairage responsable, mais les particuliers qui contribuent également à la pollution lumineuse ont un rôle à jouer. 

Sébastien VAUCLAIR, gérant du bureau d’étude Dark Sky Lab, met au point des instruments de mesure de la noirceur du ciel, réalise des campagnes de mesures pour comprendre l’origine de la pollution lumineuse locale et développe un logiciel de prévision de la pollution lumineuse. Il propose aux collectivités territoriales des solutions pour limiter cette pollution tout en réduisant leurs dépenses énergétiques. La technologie LED est une alternative intéressante mais génère beaucoup de lumière bleue perturbant le sommeil. Pour protéger notre santé et notre environnement, il préconise de s’équiper en LED de dernière génération limitant cette composante bleue. Leur coût est plus élevé, mais la réduction de consommation reste encore très intéressante.

Sylvie VAUCLAIR, astrophysicienne de l’observatoire Midi-Pyrénées de Toulouse et membre de l’Académie de l’Air et de l’Espace nous a enchantés par des images du ciel. Les étoiles émettent des sons que l’on sait à présent extraire des signaux lumineux recueillis. Ces informations complémentaires aident à mieux comprendre le fonctionnement des étoiles. Beaucoup trop graves pour être audibles, on peut entendre la « musique des étoiles » en les transposant dans la plage de fréquence audible par l’oreille humaine. Elle a montré combien notre terre est à la fois singulière, fragile et isolée, même s’il existe très probablement d’autres planètes offrant des conditions favorables à la vie, mais pour longtemps encore inaccessibles. Elle nous a donc exhortés à préserver notre environnement.

La 2ème journée était consacrée aux initiatives locales en agriculture durable. Elle a permis de prendre la mesure du savoir-faire des intervenants locaux, pas toujours pris en compte au bon niveau dans les structures française très jacobines. Dans le film de Jean PACHOLDER « Aiguilleurs de soi » de jeunes actifs se lancent dans des projets de vie plus conformes à leurs convictions profondes, en particulier le respect de l’environnement. Les protagonistes ont expliqué où ils en étaient après 4 ans d’activité. Jérémie KUSMINSKI et Yohan CAUBET ont mis en avant l’intérêt environnemental et économique du maraîchage bio en permaculture qui préserve la biodiversité. Pour Julien LATAPIE, le débardage bois par traction animale dégrade beaucoup moins la forêt que le débardage mécanisé (par exemple pour le Parc National dans des zones protégées). Tous ont la ferme intention de continuer. Il y a de la place pour d’autres exploitants, travaillant en réseau pour faire progresser les techniques.

Jean Marc COUTUREJUZON, agriculteur béarnais, a présenté de façon très percutante la technique des semis directs (sans labours) sous couvert, associant un couvert végétal permanent aux cultures cibles. Pas encore compatible du label bio, elle offre de nombreux avantages. Elle réduit considérablement l’utilisation d’engrais, d’énergie et d’herbicide et supprime le recours aux insecticides et fongicides, avec des rendements comparables à ceux de l’agriculture conventionnelle. La biodiversité est restaurée et les sols préservés de l’érosion grâce à l’action des vers de terre et au système racinaire du couvert végétal. Cette technique est complémentaire de l’agriculture bio qui nécessite un recours accru à la mécanisation pour désherber. Moins de 1% des surfaces sont cultivées selon cette technique, même si de plus en plus d’agriculteurs l’utilisent et s’organisent en réseau pour mutualiser les expériences et tendre vers le label bio.

Jean Marie LARZABAL, maire d’Arcizans-Dessus a présenté le travail en cours de restauration du pastoralisme dans un vallon au-dessus du lac d’Estaing et de construction d’un atelier de transformation du lait de brebis commun à 3 bergers d’estive. S’appuyant sur des connaissances zootechniques fines, la restauration des pâturages d’altitude s’effectue de façon totalement naturelle, par l’association de différents animaux (en particulier des chevaux) qui éliminent progressivement la végétation installée après 10 ans d’abandon de l’estive.

 

La troisième journée a été consacrée au changement climatique. Pour Hervé LE TREUT, climatologue membre de l’Académie des Sciences et du GIEC, le changement climatique induit par l’activité humaine est à présent inévitable. L’évolution actuelle des émissions de gaz à effet de serre fait que l’objectif de limiter le réchauffement à moins de 2°C ne sera probablement pas tenu. Il faut malgré tout faire tout notre possible pour limiter nos émissions pour faciliter les adaptations nécessaires. Cela nécessite d’agir à toutes les échelles, du local à l’échelle planétaire. L’échelle régionale paraît la plus adaptée car les territoires sont des espaces de réflexion sociale, de décision, de démonstration et d’anticipation du futur, à la fois proches des vulnérabilités et des savoir-faire locaux et d’échelle déjà conséquente. Le projet ACCLIMATERRA, comité scientifique régional d’aide à l’adaptation au changement climatique en Nouvelle Aquitaine, vise à donner aux politiques et aux citoyens une image du futur dans tous les domaines impactés par le changement en cours (agriculture, forêt, urbanisme, tourisme, santé, économie, ….). Il émet des préconisations aux politiques, en particulier sur le besoin de l’appropriation citoyenne. ACCLIMATERRA sera à Pau le 28 Novembre. Tous les Bigourdans intéressés y sont invités pour rencontrer les scientifiques.

Francis GROUSSET, paléo-climatologue, a présenté l’histoire de la vigne et du vin, des origines à 2100. Sa pétillante présentation, en lien avec l’évolution des températures moyennes depuis 400000 ans, a été illustrée d’anecdotes historiques savoureuses. Les régions viticoles sont toutes implantées dans des zones où la température moyenne est comprise entre 10 et 20°C. Avec les projections actuelles de températures en 2100, ces zones pourraient migrer de 1000 km vers les pôles. Le sud de l’Espagne cesserait de produire du vin. La vigne serait présente dans toute l’Angleterre où la production de vin au 1er siècle lors de l’optimum climatique romain est attestée par les recherches archéologiques.

Les deux premières soirées se sont terminées, grâce au GERMEA et au ciel magnifique de la RICE, par des observations des planètes aux instruments, mais aussi des constellations à l’œil nu, avec les légendes du monde associées. Un apéritif de clôture a réuni les participants au son de ballades irlandaises.

Merci aux sponsors qui ont permis la tenue de cette deuxième édition (les communes de Gaillagos et d’Arcizans-Dessus, le CCPGV et le Parc National) et aux partenaires qui aident le festival à se dérouler dans une atmosphère conviviale : animation musicale, restauration sur place, marché de producteurs locaux et la librairie Le KAIRN d’Arras qui proposait au public une sélection de livres sur les thèmes abordés.

Il y aura bien sûr une troisième édition en 2019. Pour toute demande de renseignement, aller sur le site www.festivaldazun.org ou contacter festivaldazun@sfr.fr

Pierre Biscay